Pour se détendre, voici la première partie d'un poème de Jules Supervielle qui s'intitule Feuille à feuille, extrait du recueil Arbres:
"Puisque le sombre humus cache
Tant de vert par-devers soi
Et dans sa lourdeur compacte
Les futurs oiseaux des bois,
Arbres, vous sortez de terre,
Feuille à feuille, avec des chants
Qui sont les frais ornements
D'une commune misère.
Que vous soyez pins ou hêtres,
Chênes ou bien peupliers,
Une même façon d'être
Par le bas des prisonniers.
Et vous reprenez la place
Que le vent vous fit céder
Ne connaissant de l'espace
Que ce léger va-et-vient.
La hauteur cachée en terre,
Et se dressant peu à peu
Vous caresse et vous libère
Vers le ciel un petit peu.
Venus de la terre dense,
Humides de cent désirs,
Vous n'êtes plus qu'une essence
Et lui livrez vos soupirs".
Supervielle a toujours aimé travailler en plein air; ce recueil a été rédigé entre 1939 et 1940, en grande partie dans les parcs zoologiques et botaniques de Buenos Aires et de Montevideo, pour y trouver un peu de paix "et l'image d'un univers où les espèces les plus diverses vivent en harmonie" (P908, Pléiade)."Le règne végétal lui offre de telles images, qui lui permettent de s'exprimer; (...) les arbres lui proposent un exemple de patience et d'endurance, le modèle d'une vie "très atténuée" , aux confins de la mort à laquelle il aspire en ces années difficiles".
La deuxième partie du poème une autre fois!