Bonsoir au Forum,
Je reviens ici sur l’Inventaire national du patrimoine naturel INPN, organisme piloté par le MNHN.
Yves & Yves ont relaté leur incompréhension face à cette « usine à gaz ».
Prenons une espèce que je connais bien, pour l’avoir observée de nombreuses fois dans la Manche : Closterium moniliferum, une algue desmidiée.
Sur la page INPN, la recherche de l’espèce dans « Rechercher les espèces » n’aboutit à aucun Closterium. Cela n’existe pas sur notre territoire. Cependant, sur cette même page, à quelques cm d'écran, on voit un autre lien « Rechercher les espèces » qui permet d’accéder au genre et à l’espèce.
Quand on a cette chance, le « visualisateur cartographique » du site INPN montre un planisphère (il y a peu, c’était une carte du territoire métropolitain tout à fait lisible). A présent, il faut réaliser un zoom pour accéder à cela :
C’est une copie d’écran car le document ne semble pas téléchargeable, carte actualisée le 6 décembre 2019 « données de présence actuelle et historique ». Les localisations sont réduites à de vagues quadrilatères ou polygones sans lien vers les sources.
Le document étant illisible, j’ai annoté : présence en IDF et dans les Alpes-Maritimes.
Si l’on cherche ensuite les sources des données, on en trouve 2 issues du CBNBF, 8 provenant de ATBI-PNM/PNAM Microalgues-rapports Couté A. et 2 citations d’une naturaliste « autre ». Savourons au passage les acronymes, c’est la coutume dans le sabir institutionnel.
Voilà donc 12 données en principe prises en compte, cartographiées comme plus haut mais le compte n’y est pas sur notre carte, à moins de doublons dans les aires concernées.
A titre d’exemple, j’ai actualisé rapidement la carte de répartition départementale de l’algue sur le territoire métropolitain avec 3 sources :
1 – Alphonse de BREBISSON, 1856 « Liste des Desmidiées observées en Basse-Normandie », un travail fondateur pour les desmidiées de France, texte connu des algologues en eau douce.
2 – F. KOUWETS, 1999 « A Check list of the Desmids of France », ouvrage publié par le MNHN dont dépend INPN avec des données publiées par des algologues émérites.
3- Y. LE MONNIER, 2018 « Contribution à l’inventaire des Closterium observés dans la Manche, bulletin de Manche-Nature n° 100 » transmis comme de coutume à la bibliothèque du MNHN.
C’est très singulier de voir l’absence d’actualisation de la cartographie INPN. Pourtant, les citations sont publiées depuis le Troisième Empire pour les plus anciennes.
Je comprends parfaitement qu’une publication comme la n°3 passe totalement inaperçue dans la masse des documents convergeant vers la bibli MHNN mais pour des "poids lourds" comme 1 & 2, voilà qui est plus déconcertant !
J’avais tenté d’envoyer ma modeste contribution en m’inscrivant sur le site INPN, geste désintéressé de naturaliste citoyen : point de résultat, aucune réponse.
Faut-il en déduire que le personnel gérant cette nouvelle cartographie est débordé par la tâche ?
Peut-être n’y a-t-il même qu’un seul salarié (à temps partiel et en CDD dans le pire des cas) affecté à ce travail. Le MNHN, établissement public, sous la tutelle de plusieurs ministères (enseignement sup, environnement, recherche) doit subir de plein fouet les restrictions budgétaires. Il y a cependant encore 2200 personnes qui y travaillent dont près de 500 chercheurs…
Je n’en sais pas plus, le site INPN ne livre pas ses secrets. Il envoie portant aux abonnés de la Lettre de beaux bulletins d’information.