Anchomenus dorsalis PONTOPPIDAN, 1763
Cet élégant carabique (coléoptère), prédateur de minuscules invertébrés, était assez fréquent autrefois. Il se trouvait dans des lieux humides, près et vieilles cultures, sous les pierres, au pied des arbres, au bord des fossés et dans les vieilles souches. Ailé sous ses élytres colorés, d’une taille modeste de 6 à 8 mm, il était répandu et souvent grégaire pour ses habitats dans toute l’Europe sauf vers le nord de la Scandinavie.
Les diverses mentions sur la galerie du site Insectes.org indiquent la présence de l’espèce sur une bonne partie du territoire français métropolitain (dépt. 01, 09, 11, 17,18, 21, 26 48, 57, 62, 68, 85), au gré de la localisation des entomologistes observateurs.
J’ai trouvé cette espèce dès 1978 dans l’Essonne et jusqu’en 2005 dans le département de la Manche (7 données répertoriées). Je l'ai même observée sur la Grande Ile de l'Archipel de Chausey en 1997.
Après 2005, plus aucune mention de ce coléoptère n’apparaît dans mes fichiers. Il a vraisemblablement versé un lourd tribu à la culture intensive du maïs et son cortège chimique délétère. Celle-ci a fait table rase de la remarquable biodiversité que nous avions autrefois dans le bocage normand.
C’est à la faveur de quelques rangements dans mes collections que j’ai retrouvé ce coléoptère et je ne résiste pas à vous le présenter maintenant.
En premier lieu, un cliché de l’insecte en collection. (désolé pour les quelques poussières subsistant après le nettoyage au pinceau)
Comme je n’ai pas retrouvé de spécimens vivants depuis deux lustres, j’attendrais donc une nouvelle rencontre pour placer le sujet en « collections ».
L’étymologie générique est assez limpide. Quand Franco Andrea BONELLI (1784 – 1830), ornithologue et entomologiste italien, établi en 1810 le genre Anchomenus il s’appuie sur le grec ancien. Selon Rémy PERRIER : αγκείν = anchein en graphies latines signifie « serrer à la gorge », allusion à la forme du pronotum (ou corselet) resserré à la base. On peut trouver également αγκος = anchos « courbure ou enfoncement »… C’est pareil.
Pour la seconde partie du nom générique « menus » nous avons μεν, soit « men » particule affirmative toujours placée après le mot. Le pronotum de l’insecte est donc véritablement bien resserré à sa base. Un autre genre de carabique assez voisin, Anchus, montre un pronotum également resserré à la base, peut-être un peu moins cependant.
Quant à dorsalis, le taxon spécifique de PONTOPPIDAN*, c’est très simple. La face dorsale est remarquable par sa livrée élégante et colorée, à l’inverse de certains carabiques qui montrent une coloration assez uniforme (mais pas tous, loin s’en faut)
* Erik PONTOPPIDAN (1698 – 1764) théologien et zoologiste danois a décrit quelques espèces de coléoptères ainsi que le goëland argenté Larus argentatus. Il fut aussi gratifié d’une charge d’évêque à Bergen, à partir de 1745.
Cette première image est un dessin fait à la pointe tubulaire et encre de chine sur papier Arches satiné à partir d’une observation à la binoculaire (sans chambre claire, simplement en respectant les mesures de longueur/ largeur).
Ce second cliché montre un début de colorisation d’une copie faite sur papier Canson- bristol en atténuant les traits noirs : ils sont donc quelque peu effacés sur le papier. Cela n'est pas plus mal.
Le cliché final montre l’animal totalement mis en couleurs.J'aurais pu bien entendu poser plus de couleur mais je me suis arrêté là, sachant qu'un dessin n'est jamais réellement fini.
La mise en couleur est réalisée avec des crayons secs Faber-Castel Polychromos (sans aucune publicité)
Teintes choisies pour les coloristes : burnt ochre pour le pronotum, les pattes et les élytres – chromium green opaque pour la tête et le pronotum – yellow blue reddish et dark indigo pour les zones sombres et miroitantes des élytres, les tarses et palpes rembrunis avec walnet brown et les yeux avec un warm grey II.
Bibliographie
René JEANNEL, 1970 (réimpression) Faune de France, n° 40 - Coléoptères Carabiques
Rémy PERRIER, 1971 (réimpression) La Faune de la France illustrée V, partie 1
Gaëtan du CHATENET, 1990 Guide des coléoptères d’Europe
Karel HURKA, 1996 Carabidae of the Czech and Slovak Republics, la plus importante édition depuis des lustres pour les coléoptères carabiques, avec des clés dichotomiques excellentes (édition bilingue heureusement).