Accompagnant un bloom algal à Cosmarium distentum dans l’eau eutrophe d’un abreuvoir à chevaux (Percy, Manche, mai-juin 2023) voir le sujet en collections ici : viewtopic.php?f=91&t=26368&p=143270&hilit=Cosmarium+distentum#p143270
… j’ai observé la présence d’un grand nombre d’euglènes négligées au départ.
Des vues à l’immersion 100x en fond clair, dans l’eau donc in vivo (c’est indispensable pour observer les mouvements et les déformations cellulaires quand il y en a chez les Euglènophytes)
Et quelques photos qui montrent la grande plasticité de la cellule (à l’immersion, c’est plutôt délicat de prendre de tels clichés d’une algue aussi frétillante *) :
* pour une obturation très brève, on peut mettre la lumière au maximum mais ça ne plait pas obligatoirement au sujet ou forcer la sensibilité à la prise de vue, mais le grain augmente)
Et gratis, des clichés en contraste de phase au 40x seulement : ils n’apportent pas grand-chose de plus, mis à part le dépaysement des couleurs et une forme tordue inédite :
Les grains, que je pensais d’abord être des chloroplastes, sont des granules de paramylon (sinon, ils seraient franchement verts), le noyau clair est central.
Force donc était de consulter les bons ouvrages !
Sources :
GUIRY, M.D. & GUIRY, G.M. 2023 : AlgaeBase. World-wide electronic publication. National University of Ireland, Galway. https://www.algaebase.org
JOHN, WHITTON & BROOK, 2011 : The Freshwater Algal Flora of the British Isles. Cambridge University Press
COMPERE P., 1989 : Flore pratique des algues d’eau douce de Belgique Fasc. 2. Jardin botanique national de Melgique, Meise
MARIN & MELKONIAN, 2003 : Phylogeny and Revision of the Euglenophyceae. Protist, Vol 154. Urban & Fischer Verlag. Köln
Avec la flore de Belgique de P. COMPERE, on arrive sans souci au genre Astasia (cellules incolores métaboliques c'est-à-dire capables de changer de forme) puis, en fouillant davantage, à deux espèces : A. klebsii LEMMERMANN, 1910 ou bien A. longa PRINSGHEIM, 1936 , deux algues très voisines l’une de l’autre.
On peut cependant éliminer A. klebsii dont les grains de paramylon sont concentrés dans la région antérieure de la cellule. Il nous reste A. longa qui convient parfaitement.
On retrouve cette alternative dans la flore britannique de JOHN & al. avec une préférence encore pour A. longa.
Note : L’espèce a changé de genre depuis le récent travail de MARIN & MELKONIAN basé sur la phylogénie génétique. C’est maintenant : Euglena longa (PRINSGHEIM), MARIN & MELKONIAN, 2003. Le critère « vert ou pas vert » n’est plus retenu.
Euglena longa est documentée sporadiquement : GB, Irlande, Pologne, Slovaquie, Ukraine, Inde, Bangladesh, Khandesh. Elle n’était pas citée en France jusqu’à présent (à ma connaissance). Cette algue fréquente les eaux eutrophes et parfois polluées. Ceci correspond bien au biotope d’un abreuvoir d’eau trouble et eutrophe avec un bloom algal.
Sans pigment chlorophyllien, les euglènes incolores sont osmotrophes selon JOHN & al.
Remarque : le sujet n’est pas placé en collections. Je voudrais bien savoir ce que P. BOURRELLY écrivait pour le genre Astasia (il me manque le T III de ses « Algues d’eau douce »