Mallomonas insignis PENARD, 1919 est une algue d’eau douce unicellulaire. Elle est vue ici, en décembre 2019, dans une mare oligotrophe : Hambye, Manche « l’Abbaye ».
La systématique des groupes supragénériques a bien évolué depuis la seconde moitié du vingtième siècle :
BOURRELLY, 1968 : Chrysophycées / Synuracées
JOHN & al. 2011 : Chrysophyta / Synurophyceae / Synurales
GUIRY & GUIRY, 2019 : Ochrophyta / Synurales / Mallomonadaceae
Cependant il s’agit toujours de la même algue que lors de ses « premiers pas dans le monde » lorsque Eugène PENARD l’a décrivait comme species nova dans le "Bulletin de la Société Botanique de Genève", en 1919. Les êtres changent peu. Les savants sont parfois plus versatiles .
Le genre Mallomonas compte un grand nombre d’espèces identifiables pour la plupart en électronographie seulement (structure fine des écailles et des soies).
La flore britannique de JOHN & al. donne quand même une clé pour 11 taxons à partir de critères observables en microscopie optique.
Quelle chance ! Notre Mallomonas insignis en fait partie et même dès le premier item de la clé. Joie, liesse et tutti quanti ! En effet, c’est la seule espèce du genre à ne pas être hérissée de longues soies siliceuses. Le corps est allongé, jusqu’à 100 µm, l’avant est garni d’épines entourant la base de l’unique flagelle, la queue est étirée et épineuse. L’armature est constituée d’écailles siliceuses elliptiques ou rhombiques (sic). Deux chloroplastes allongés et concaves se placent l’un en face de l’autre.
Un premier cliché à 100x vraiment médiocre :
Deux coupes optiques ensuite :
L’espèce est largement distribuée dans l’hémisphère Nord (Arkansas, Ukraine, Suisse, Iles britanniques où elle est connue durant les périodes froides de l’année). Elle est dessinée sur une planche de la flore de BOURRELLY mais sans indication de provenance. Il s’agit sans doute de la France mais sans certitude. L’auteur donne parfois des origines « exotiques » pour ses spécimens.
Enfin, pour les lecteurs très patients et d’un courage exemplaire, voilà le paragraphe étymologique :
Lorsque Maximilian PERTY nomme le genre en 1852*, il se réfère au grec μαλλός, mallos en graphies latines, soit selon lui « Pelz, Zotte » et qui signifie en français « fourrure, touffe » allusion à la toison de soies hérissant ces algues.
La terminaison monas, très usitée par les protistologues et bactériologistes est issue de la base μονα, mona que l’on peut traduire au mieux par « unité »
* Zur Kenntniss kleinfter lebensformen mit specialverzeichniss der inder Schweiz Von Dr Maximilian Perty – Bern, 1852 soit semble-t-il d’après un traducteur « Pour la connaissance des petites formes de vie avec un répertoire spécial de la Suisse intérieure »
Ouf ! Il fallait que la chose soit claire.
Eugène PENARD décrit l’espèce M. insignis dans ce bulletin de la Société Botanique de Genève, datant de 1919, avec des dessins remarquables :
https://www.biodiversitylibrary.org/ite ... 3/mode/1up
Cette étonnante description s’étale sur 7 pages. Il semble à la fin du texte que le taxon insignis doit être entendu comme une interrogation de l’auteur par rapport à l’espèce américaine M. pulcherima. Cet insignis voudrait dire « sans les signes, les critères généraux du genre, les soies en fait ???
ps. Si vous avez déjà observé cette algue en France, cela permettrait de lever un petit doute sur une éventuelle première observation sur notre territoire...