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Polydrusus formosus (MAYER, 1779) est un charançon vert et brillant de taille modeste : 5 à 8 mm.
Traduisons : le polydruse élégant.
Le voilà avec un éclairage filtré au papier blanc :
Et "pleins feux" (éclairage annulaire et deux spots led latéraux) :
D’après Adolphe HOFFMANN (Faune de France 52 Col. Curculionidés, 1950) l’adulte est polyphage. Il se tient au printemps sur de nombreux arbres et arbustes : saules aulnes, noisetiers, chênes, ormes, peupliers et bouleaux.
Dans mes notes personnelles (départements 14 – 50 – 72), j’ai consigné 8 mentions sur noisetier, 5 sur saule, 3 sur chêne, 2 sur hêtre et sur bouleau, une mention sur aulne et diverses prises sur plantes herbacées. Il s’agit donc bien d’un charançon généraliste quant à son régime alimentaire.
Toutes ces citations ont été répertoriées au battage et parapluie japonais. Il est alors délicat d’affirmer que ces bêtes se nourrissaient effectivement sur l’arbre-hôte.
Le site FAUNA EUROPAEA nous donne de nombreuses synonymies :
Polydrusus (Chrysophis) formosus (MAYER, 1779)
= Polydrusus sericeus (SCHALLER, 1783)
= Curculio formosus MAYER, 1779
= Curculio sericeus SCHALLER, 1783 nec GOEZE, 1777 et d’autres…
Les étymologies génériques sont plaisantes. Le dictionnaire Grec-Français d’Anatole BAILLY nous renseigne.
Polydrosus SCHOENHERR, 1823 : de πολυ (poly) « beaucoup » et δροσος (drosos) « rosée » : allusion aux multiples écailles brillantes couvrant le corps de l’insecte, miroitantes comme les gouttelettes de la rosée au matin… Très poétique de la part du nomenclateur !
Carl Johann SCHOENHERR (entomologiste suédois 1772 – 1848) qui a beaucoup travaillé sur les charançons.
Polydrusus GERMAR, 1817 de πολυ (encore poly) et δρυς (drys) ou δρουσος (Drusus) « arbre, tout arbre, chêne… » On peut penser que GERMAR faisait ainsi état de l’abondance de ce charançon sur beaucoup d’arbres de différentes espèces.
Ernst Friedrich GERMAR 1786 – 1853) naturaliste et entomologiste, il s’est beaucoup intéressé aux charançons également.
Quant à Curculio, genre crée par LINNE, il est délicat d’en attribuer l’origine. Comme le signalait Gérard Breton, LINNE n’avait pas l’habitude de donner l’étymologie des noms qu’il attribuait à tel ou tel animal. Ainsi dans son Systema naturae Tome I pars II page 506, genre Curculio. … Il est possible que le grand LINNE se soit inspiré de la pièce de théâtre comique de PLAUTE (- 193 av. JC) « Curculio » parfois traduit comme « le Charençon » ou « Le Parasite »
Quoiqu’il en soit Anatole BAILLY nous donne quelques pistes. Par exemple κουρα (coura) « action de tondre, de couper, de raser, d’élaguer des arbres » et ουλιος (oulios) « funeste, malfaisant, dont la morsure est malfaisante » Funestes animaux pour les végétaux que ces charançons !
Le sous-genre Chrysophis créé par Maurice Perrot DES GOZIS en 1882 est d’une étymologie plus incertaine : χρυσος (chrysos) a de multiples sens « or, métal précieux, vaisselle d’or, objet brillant, ornement, parure en or »… j’en passe. Là, nous comprenons ! La vestiture de l’animal est brillante, étincelante au soleil.
Mais οφις (ophis) « serpent » bien entendu ! Là, on comprend moins. Cependant, en fouillant dans notre dictionnaire, on arrive à « sorte de plante ou bracelet » d’après Anatole BAILLY. Il est possible que Gozis ait ainsi voulu souligner l’aspect ornemental de l’insecte posé sur la plante. C’est tiré par les cheveux quand même.
Les appellations spécifiques sont plus limpides. Il faut utiliser le dictionnaire latin de Félix GAFFIOT pour trouver : sericeus « de soie » ce qui rend bien compte de l’aspect de l’animal en lumière du jour et formosus signifiant « beau, de belle forme, élégant ».
Tout à fait d’accord avec SCHALLER pour sericeus et MAYER pour formosus ! : les yeux sont allongés et aplatis, l’allure générale est svelte sauf le croupion un peu rebondi, l’aspect soyeux et lustré de l’ornementation de la cuticule laissent une impression d’élégance discrète.
Pas de souci de ce côté latin de la chose.
Amusant cependant de retrouver dans le BAILLY une racine grecque σεριχος (sericos) signifiant « de soie » ou « robe de soie »
Les Grecs anciens connaissaient-ils la soie pour nommer ainsi des objets ?
C’est ce que j’ai cru comprendre en regardant certains textes historiques. La « Route de la Soie » est ancienne.