L'enfance d'un
Diploschistes muscorum... [extrait de Une vie de Lichens, texte en cours d 'écriture]
Je suis né dans une Soralie…
Vous qui naissez d’une Nathalie, d’une Amélie, vous pourrez me comprendre, car ce n’est finalement pas très différent. Comme toute mère qui se respecte, la mienne me donna tout ce qui m’était nécessaire à un bon départ dans la vie.
J’étais un bébé calme, pour ne pas dire inerte, qui attendit patiemment le grand moment, le grand départ.
Voici une photo de moi bébé, englobant le goûter tendrement préparé par ma mère :
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Ind-2xMicro-Félines-6 08 2016-LG.jpg (91.8 Kio) Vu 7844 fois
Le grand jour arriva lorsqu’un vent sec s’empara de moi et me fit tourbillonner en survolant le monde. Quelle griserie de se laisser emporter ainsi, confiant ma destinée, aux hasards des rafales… J’ignore tout de la distance parcourue, des centimètres, des kilomètres, des milliers de kilomètres… ?. Qu’importe, ce vol me sembla durer longtemps et, un beau jour, je fus pris dans une gouttelette d’eau qui me fit rejoindre le sol.
Et je connu une ivresse qui me marqua. L’eau gonfla mes tissus, ma nourriture se mit à proliférer et m’inonda de sucres qui me permirent de grandir. Et comme jour après jour, le phénomène se répétait, je m’étalais sur la surface du monde.
J’étais tombé à la frontière entre deux organismes, une mousse hépatique et une lointaine cousine, une
Cladonia chlorophaea. Ce qui pourrait présenter pour d’autres enfants des obstacles insurmontables, n’était pour moi qu’une opportunité favorable. J’utilisais la stratégie immémoriale transmise par ma famille depuis le fond des âges, la recette secrète que m’a donné ma mère, cet acide complexe qui est notre arme absolue, et entrepris simplement de les recouvrir, les privant ainsi de lumière.
La mousse ne fit pas de manière et s’avoua rapidement vaincue, j’en profitais pour lui pomper les sucres et acquérir plus de forces que je consacrais à la lutte avec la
Cladonia. Patiemment, je la recouvris tandis qu’elle luttait en fabriquant moult produits issus de sa propre biochimie. Tout y passa : acides plus sophistiqués les uns que les autres, jusqu’à des antibiotiques. Je luttais pied à pied, millimètre par millimètre, et recouvrais imparablement ses tissus. Privée de lumière, son alliée intime, son algue nourricière, sa Trébouxia migra alors vers moi et je me laissais envahir par celle-ci, qui me nourrit à mon tour tandis que mon adversaire s’affaiblissait de cette défection. Cette nouvelle alliée intimement mêlée à mes tissus, chassa ma vieille amie, mais se révéla des plus nourrissante dans ce combat vital que je menais.
Je fini par englober totalement la
Cladonia, qui disparut purement et simplement, sauf en périphérie où quelques folioles survivaient tant bien que mal. Je ne tarderai pas à les absorber à leur tour…
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Aussi plaisant que soit ce texte, il est totalement faux et nécessite d'être entièrement réécrit, car ces Diploschistes naissent de l'amour...
En effet, Diploschistes muscorum, est un Lichen capable de naitre de la rencontre de deux spores, pour peu qu'elles soient de valences contraires et qu'elles se trouvent sur le thalle d'une Cladonia..., comme démontré par l'étude de Damien Cuny téléchargeable ici :