de Maraussan » 10 Avr 2013 15:44
Il est intéressant de savoir discriminer un miel local d'un miel étranger.
OK, je tente de suivre votre raisonnement.
Dans le scénario que je vais décrire, à la première personne, je tiens le rôle d'un fraudeur (*).
Les bons fraudeurs sont par définition malhonnète, mais pas pour autant complètement imbécile, c'est même hélas trop souvent le contraire. J'achète discrètement du miel espagnol ou chinois (l'Espanol est bien, Communauté économique etc, la frontière est une véritable passoire, pas de douanes ni de papiers à déclarer. Pour autant, les Espagnols n'y sont bien sûr pour rien), que j'utilise pur ou coupé (mon miel à moi, de betterave ou autre). 72 heures minimum de maturateur (large et pas trop haut) et l'on décante finement toutes les particules, pollens y compris. J'ensemence avec un pollen facile à se procurer (l'acacia est bien, j'en ai des tonnes chaque année dans mon jardin). Je mélange, je mets en flacon, je fais "expertiser" par un "mélissopalynologue", et pan, j'ai mon certificat de pur miel d'acacia.
Deuxième scénario. Aucune fraude.
Comme vous le savez, les abeilles ne sont pas carnivores. Il leur faut des proteines, qui sont totalement absentes du nectar de fleur. Elles le trouvent dans le pollen. Elles ramassent le pollen qui leur plait, selon leurs critères à elles, sur des plantes qui ne sont pas pour autant des plantes aux fleurs butinées. Elles ramassent même du pollen de fleurs non mellifères (note pour les non apiculteurs : qui n'ont pas de nectar). Dès janvier dans mon coin, les butineuses travaillent (la reine pond 365 jours sur 365, littoral méditerranéen). J'ai déjà par ruche Warré une hausse pleine de miel d'amandier-abricotier-rouquette des vignes. J'ai noté que la hausse de miel, sans aucun couvain, comporte néanmoins un grand nombre de cellules de stockage de pollen frais. Il y a deux ans, j'ai procédé à l'extraction, sédimentation, et centrifugation d'échantillons de ma production en amateur. C'est le genre d'expérience auquel on se livre une fois, on en retire toujours quelque expérience. Bilan : trèfle et pissenlit.
Le pollen de pissenlit et trèfle était ultra-majoritaire, le broyage des gateaux avait libéré les stocks constitués.
Que s'était-il passé ? Il est possible que du pollen d'amandier-abricotier-rouquette des vignes ait été ramené, puis stocké autour du couvain (les bébés abeilles) afin de produire la bouillie larvaire. En tout cas, il ne fût pas stocké dans l'étage de miel récolté. Dans celui-ci, fut stocké du pollen de pissenlit, abondant à proximité immédiate des ruches.
Qu'aurait dit à votre avis un "mélissopalynologue" ? Miel de pissenlit ? Le contraire ? Je ne pense pas...
Si vous le désirez, nous pouvons recommencer cette année, même partager les échantillons et lames, c'est pas un problème.
Cela devrait donner des idées à des chomeurs (il y en a peut-être sur le forum) : devenez mélissopalynologue. Aucun diplome nécessaire, juste à dire ce que vous voyez sous votre microscope. Même pas besoin de mentir. Quant à être complice, comment vouliez-vous savoir ?
(*) Les fraudeurs existent malheureusement, dans le vin, l'élevage, le miel, l'huile d'olive, et font un tort considérable à certaines professions. Ce qui ne signifie en rien que ces professions soient à condamner.