J'ai vu hier le film "le dernier loup" en 3D hier soir. J'ai envie de vous en parler de 2 points de vue, celui de la technique et celui des idées.
Une bonne critique dans la lettre du stéréo club m'a donné envie de voir ce film. Je ne l'ai pas regretté. LA 3D est bien maitrisée, peu d'effets forcés (j'ai été impressionné toutefois par un plan sur les moustiques de la toundra en été ou un nuage d'insectes est en jaillissement dans la salle), mais un apport qui contribue au plaisir esthètique du film. Je ne sais pas la part d'images filmées directement en 3D. Je pense que c'est important car c'est plus simple et plus économique. MAis si on regarde le générique, le nombre de techniciens stéréo indique un travail important en post production. Mais encore une fois cela ne se remarque pas directement. Le cinéma, depuis qu'il anime des dinosaures, maitrise maintenant bien la retouche numérique...
Malheureusement, il semble que le grand public ne goute pas à ces réussites techniques . Le public était très clairsemé à Privas.
Est ce que le surcout de 2euros sur le prix de la séance dissuade plus de personnes non motivée par la 3D ou qui n'en voit pas l'intérèt? Suis je une exception à apprécier l'apport du relief? Pourtant, mème avec une proportion importante de borgnes fonctionnels, il devrait rester une grande majorité de spectateurs à mème de gouter le spectacle. Je me pose des questions sur le développement de la stéréoscopie. Je constate de plus en plus de progrès techniques. L'industrie du cinéma maitrise parfaitement. Les téléviseurs 3D existent depuis des années. Il y a de plus en plus d'applications associées aux smartphones. Et pourtant l'impact sur le grand public reste limité?
L'histoire est dans la droite ligne des précédantes oeuvres de J.J.Annaud, qui milite pour une idéologie d'un monde naturel beau et sauvage. Par son art, il magnifie la nature, les grands espaces, la "wilderness". C'est très réussi. On ne peut que le suivre quand il dit "la nature est belle", en passant par "les loups sont magnifiques"... Par ce film à allure de fable, Il lance un cri d'alarme: la nature est détruite; on ne peut la conserver seulement en captivité. Elle y est "dénaturée".
Je fais le mème constat comme botaniste: si à défaut d'espaces naturels certaines plantes peuvent être conservées en jardin botanique, ou mème, si on peut envisager de n'en conserver que le gènome dans des banques de graines, cela ne vaut pas la préservation de l'écosystème ou elles sont présentes, et au dela, si cet écosystème n'est pas accessible au public car mis en protection intégrale, c'est imparfait aussi...
Mais la fable ne nous dit pas comment faire cohabiter une humanité de plus en plus envahissante avec une certaine wilderness. C'est la que le bat blesse! Sur ce forum, un topic sur les loups a fait couler de l'encre; et les débats entre éleveurs et défenseurs du loup sont ardents dans toutes les régions ou l'animal réapparait en France.
Quel sera l'avenir? est ce que dans quelques siècles le loup aura rejoint le thylacine (loup marsupial dans la galerie des animaux disparus, connus uniquement par des images et la taxidermie? ou subsistera t il seulement "sous cloche" dans quelques parcs naturels? ou existera t il à nouveau des zones de coexistance homme loup?
Si l'humanité arrive à éviter la première hypothèse, alors ce film n'aura pas été qu'une oeuvre esthètique, mais il aura réussi à transmettre un message...