Les maisons individuelles, une menace pour la biodiversité?

[Christian]

Bonjour à tous,
Le dernier message de Gérard (Wouazo) a fait resurgir de ma mémoire, avec plaisir, le sketch de Fernand Raynaud : Le Paysan ("ça eu payé …")
Il est vrai que c'est un métier très difficile, plein d'embûches et qui demande une bonne dose de passion et de courage !
Certains (j'en connais) ont senti le vent tourner assez vite et s'en sortent pas mal du côté de l'agriculture et l'élevage bio, avec en supplément la vente directe aux consommateurs. Tout le monde est gagnant, moins cher, meilleure, équitable et j'en passe !
Par ailleurs, les possibilités de fonctionner en GAEC (Groupement Agricole d'Exploitation en Commun) ou coopératives permet aussi une bonne évolution des conditions de travail, particulièrement la possibilité de prendre des vacances, généralement courtes mais enfin des vacances !
Le coq les pieds dans la bouse est a dépasser, et pourquoi ne pas (re)voir le film "Une hirondelle a fait le printemps" de Christian Carion ?
Mode HS off ...

Pour en revenir à l'urbanisme, je trouve pour ma part qu'il y a eu tout de même de beaux progrès comparé aux cochonneries des années 60 – 80
Par exemple ces magnifiques toits et murs végétaux : "Esthétisants" et utiles !
Cela ne permet malheureusement pas de conserver des prairies à orchidées ... (et tout ce qui vit dans ces milieux !)
Dommage aussi que la notion de "patrimonialité des espèces", comme Daniel nous le rappelait, ne touche pas plus de gens, c'est bien triste !
Nous sommes prêt à défendre corps et âme la gastronomie française, pourquoi pas les espèces endémiques avec, comestibles ou pas ?!

toits-verts.jpg (181.6 Kio) Vu 6332 fois

[Kinette]

Bonjour,
Pour certains, l'émotion que nous évoquent des orchidées en fleur n'est rien... doit-on s'en offusquer? Je ne sais pas. Ceci me peine quand même, tout comme un dédain de la musique ou des œuvres d'art peinera le musicien ou le connaisseur d'art.

Une orchidée a-t-elle une importance? Une orchidée, à quoi ça sert?

Dans une logique purement utilitaire, comptable, l'espèce rare n'a d'intérêt que si on peut en tirer un profit: médicament du futur, production agricole, tourisme...
La comparaison avec l'art n'est pas anodine: à quoi sert l'art? Il nous raccroche au monde, par l'émotion et la compréhension. Il apporte à l'être humain une composante non directement quantifiable, mais qui semble pourtant avoir une importance si on regarde la constance de l'art depuis les grottes préhistoriques à nos jours...
Il est des œuvres d'art que je ne comprends pas, qui ne me plaisent pas. Doit-on pour autant les détruire? Je n'en suis finalement pas si certaine. Il est des musiques qui étaient désagréables à mes oreilles... puis plus tard, je ne sais comment, je les ai mieux écoutées, et je les ai comprises, appréciées.

Les espèces vivantes nous rattachent à la nature, à son histoire et à son évolution. Ce sont des éléments de compréhension de notre monde: si je regarde les particularités biologiques des orchidées, je peux comprendre certains aspects de l'évolution...

Faut-il protéger les orchidées? Personnellement je le souhaite, et je peux expliquer pourquoi. Je peux aussi comprendre celui qui a une autre perception... mais la perte d'une espèce est définitive. Si la majorité des gens ne voit pas l'intérêt de la restauration d'une peinture, doit-on pour autant la laisser disparaître? On voit ici tout le problème des décisions "à la majorité"...

En ce qui concerne les plans d'aménagement: tant qu'il sera moins cher de construire que rénover, on doit s'attendre à une extension inexorable vers d'autres territoires. Mais évidemment, ça fait tourner le marché de la construction.

En tout cas, on peut souligner les difficultés de certains agriculteurs, mais certains qui savent bien pleurnicher ne sont pas si mal lotis que ça. Parfois, on peut être surpris par le montant des subventions touchées!
http://lorraine-champagne-ardenne.franc ... 72923.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
(notez que l'accès aux données a bien vite été supprimé ).

Cordialement,
K

[patrick 68]

Bonjour

Je rejoins totalement Kinette dans son plaidoyer. J'ai toujours été très proche de la nature mais j'ai découvert quelque chose de plus profond encore en commençant la macro. J'ai découvert l'utilité des plantes et des insectes. J'ai découvert leur complémentarité et la richesse des espèces. Pour moi, une simple plante, un insecte même le plus minuscule a une importance capitale dans le maintien des équilibres naturels. Ce sont des miracles, des chefs d'oeuvre de réussite biologique. Et c'est ce que je veux défendre et faire connaître.

Les abeilles solitaires sont inféodées à certaines espèces de plantes. Elles ont co-évolué pendant des centaines de milliers d'années. Les orchidées ne sont fécondées que par certaines espèces d'hyménoptères. Si on supprime ces fleurs, on élimine les abeilles qui les pollinisent. En rasant un milieu, on ne supprime pas que les orchidées dont il est question, on détruit tout un biotope qui nourrit et abrite une faune annexe... (reptiles, rongeurs, oiseaux, amphibiens, mammifères...). On contribue donc à réduire durablement la biodiversité d'un lieu. Voir mon dossier :
http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t ... c3/221/p1/

Comme je le disais dans un autre post, il existait une station d'orchis pâles dans ma région (la seule d'Alsace). Une douzaine de pieds. Ces plantes n'apportaient rien de plus à la biodiversité, sinon le fait d'exister. Le paysan a qui appartient la pâture n'arrêtait pas de râler après ceux qui s'aventurait sur son terrain pour les photographier. Et en 2007, un sinistre con les a brûlé avec un produit phytosanitaire pour les éliminer.
Ces orchidées n'avaient aucun intérêt commercial, mais elles étaient là. Elles étaient là depuis longtemps et ont accompagné les hommes. Elles ont certainement contribué à leur émerveillement. C'étaient des reliques et je suis triste qu'elles aient été détruites gratuitement.

Je suis persuadé que l'on pourrait faire autrement au lieu de toujours tout sacrifier au profit.
Cordialement
Patrick

[André]

Pour illustrer les propose de Patrick au sujet d'Orchis palens voir : viewtopic.php?f=166&t=1268&p=5251#p5251

[patrick 68]

Donc nous connaissions la même station !
Mais tu as été plus "soft" que moi en disant "imbécile"... en parlant de celui qui l'a détruite
Nous aurions pu nous croiser au Bickenberg

Cordialement
Patrick

[Wouazo]

Bonsoir à tous,
Kinette a écrit : En tout cas, on peut souligner les difficultés de certains agriculteurs, mais certains qui savent bien pleurnicher ne sont pas si mal lotis que ça.
Ce jour même, sur un marché de la Creuse, le prix du broutard était entre 2€ et 2,20€. Ce prix est au-dessous du prix de revient. Aujourd’hui les paysans creusois pleurnichaient !
Va passer une année en milieu agricole, céréaliers, éleveurs ce que tu voudras. En ce moment il y a les vendanges, vas-y, très vite tu vas pleurnicher sur toi même.
Cordialement
W. Gérard

[Kinette]

Bonjour,
Les disparités sont énormes dans le domaine agricole: certains ont de véritables difficultés... d'autres s'en sortent plus que bien, tels les céréaliers qui font du maïs irrigué dans la région de mes parents. Primes à l'irrigation, prime à l'hectare de maïs, terrains immenses... Ces personnes ont leurs ouvriers agricoles, changent leur matériel sans arrêt...

J'ai dans ma famille une personne qui a des vaches pour le lait et la viande (veau avec label "veau sous la mère"...). Ils s'en sortent plutôt bien, mais passent leur temps à pleurnicher "à la paysanne", tout en s'arrangeant bien pour récupérer de l'argent par exemple en déclarant des dégâts de lapins sur des ballots d'encilage un peu attaqué, voire en roulant dans leur auto au diesel détaxé... A côté de ça, les enfants d'une amie qui font du maraîchage bio s'en sortent à peine...

Mais les primes ne sont pas attribuées en rapport aux situations des agriculteurs, mais bien plus en soutien à la production de certaines denrées...
Le gros problème est qu'il n'y a aucune transparence sur le sujet: ne pas croire que ceux qui pleurnichent ou vont renverser du fumier devant les préfectures sont ceux qui s'en sortent le plus mal.
Il faut aussi se rappeler qu'il y a les grand propriétaires, mais aussi des exploitants qui ne possèdent rien (louent les terres, sont engraisseurs, etc...).

Bref, il est un peu hâtif de pleurer sur le sort de tous les agriculteurs français: certains ont des problèmes, d'autres pas du tout...

Cordialement,
K

[patrick 68]

Bonsoir

J'ai un beau-frère qui réside dans les Deux-Sèvres. Lorsque je l'ai connu, il y a plus de 30 ans, il élevait des agneaux pour la viande. Son épouse avait quelques chèvres et fabriquait du fromage. A côté de cela, il cultivait du blé. Il s'en sortait vraiment moyen question finances. Heureusement il y avait les poules, les lapins et le potager... Puis vînt le temps des moutons néo-zélandais, et les normes européennes pour aseptiser les labos de fabrication et de transformation des produits.
Ces normes sont à ce point stupides qu'une amie herboriste a les mêmes contraintes qu'un labo de fabrication de fromage. Elle doit carreler son labo du haut en bas pour faire ses tisanes et ses liqueurs et utiliser des plans de travail et un évier en alu....
Impossible de suivre. Donc ils ont tout abandonné. Le beau-frère a bien tenté un moment de faire des graines de fleurs, mais sans contrat stable ça n'avait aucun intérêt.
Alors il a repris son ancien métier d'ingénieur agronome et est parti enseigner dans ... une prison.
Ceux qui sont à plaindre sont ceux qui ne se plaignent pas. Ceux qu'on ne voit pas à la télé. Il y a ceux qui "pleurent" comme pleure le commerçant parce que les affaires ne marchent pas bien alors qu le tiroir caisse ne cesse de sonner... Ceux qui pleurent alors qu'ils bénéficient de subventions énormes (semenciers et producteurs de lait) et ceux qui pleurent en silence parce qu'ils sont dans la dèche la plus totale et qui se suicident.
Pour les vendanges, les viticulteurs d'Alsace n'ont pas à pleurer. Ils ont amélioré la qualité du vin (en 30 ans il était temps...) qui n'est plus soufré. Il suffit de voir les maisons d'habitation par chez nous pour comprendre que l'or jaune coule à flots... Et à juste titre. C'est pareil pour la choucroute et surtout le maïs qui pourrit les paysages de la plaine, en même temps que le sol et la nappe phréatique de pesticides !

Sinon, le père d'une amie (ancien agriculteur à la retraite toujours dans les Deux-Sèvres) est éleveur et vendeur de broutard et ça marche du tonnerre de dieu pour lui... alors pourquoi deux poids deux mesures avec l'exemple donné par wouazo ? Les prix sont-ils différents dans la Creuse ?

Cordialement
Patrick

[patrick 68]

Suite... On pourrait recentrer la discussion et en revenir au sujet de départ, ce serait plus intéressant non plutôt que de débattre des revenus et de la qualité de vie des "paysans" (dans le sens noble du terme) ? Qu'en pensez-vous ?

Patrick

[Fredlab]

Bonsoir.
Recentrer le débat sur "les paysans sont-ils une menace pour la biodiversité ?"
(ou : les suisses ? les chasseurs ?...)

Ce qu'il faut avant tout intégrer est que l'homme a gagné, il fait ce qu'il veut sur Terre.
La biodiversité est un concept.
On commence enfin à savoir chiffrer la biodiversité... reste à voir si un jour ça sera côté en bourse.