Bonsoir,
Pour étudier les spicules des éponges, les ouvrages recommandent une attaque d’un fragment de l’éponge à l’acide nitrique chaud pour les siliceuses, et l’eau de Javel pour les calcaires. N’ayant aucun goût pour les manips dangereuses, je fais toutes mes attaques à l’eau de Javel diluée de moitié, pendant un temps suffisant pour qu’il y ait une digestion complète des cellules. Décantation, puis rinçage à l’eau, trois fois, le sédiment peut être monté dans une goutte d’eau (meilleur contraste à cause des différences d’indice de réfraction) entre lame et lamelle. Observation en fond clair diaphragmé, ou pour les veinards qui en disposent, en contraste interférentiel, le contraste de phase est décevant. Pour les calcaires, observer en lumière polarisée est un spectacle assez extraordinaire, mais pas facile à photographier. Attention, une attaque partielle peut ne pas digérer la spongine, et on aura non pas des spicules isolés mais des fragments de squelette, ce qui peut être intéressant pour l’identification de la bête (ex : le genre Haliclona en milieu marin). Autre remarque : certaines éponges (marines) n’ont pas de spicules, alors, ne pas les chercher ou incriminer la virulence de l’eau de Javel.
Pour les éponges d’eau douce, essentiellement les Spongillidae, les spicules du squelette général (mégasclères) ne permettent pas l’identification avec certitude. Ce sont les petits spicules ou microsclères qui arment les organes de dissémination et de résistance que sont les gemmules (qui se forment en fin de vie de l’éponge) qui sont utiles pour distinguer les genres. J’ai eu la chance récemment de recueillir en plongée une spongille avec gemmules visibles.
Au microscope, les mégasclères étaient pointus aux deux bouts et hérissés de petites épines (acanthoxes), mais avec une particularité : certains étaient non seulement traversés par un canal axial, mais encore montraient des canaux perpendiculaires au canal axial, ce qui n’est pas fréquent dans le monde des éponges.
Quant aux gemmules (diamètre environ 0,3 à 1 mm) elles étaient armées de gemmosclères amphidisques, à aspect de diabolos courts à disques étoilés, les étoiles ayant 10 – 12 branches. Il a été possible de les photographier à la fois en vue de profil et en vue polaire parce que l’eau de Javel dissocie très lentement les gemmules, elles les ramollit suffisamment pour que l’on puisse faire l’observation, un stacking modeste de quelques clichés fait le reste.
L’une des gemmule montrait même une double couche de gemmosclères, que j’ai pu photographier en coupe optique.
Conclusion : Ephydatia muelleri.