Bonjour à tous !
Il existe une certaine confusion dans ce que nous appelons les Mollusques lithophages qui regroupent des animaux de familles éloignées phylogénétiquement et dont les procédés de forage diffèrent.
Il y a ce que j’appellerai les lithophages vrais, ceux qui combinent l’utilisation d’un acide et des mouvements de rotation. Ceux-là s’attaquent à des calcaires durs (Lithophaga, Gastrochaena).
Et il y a ceux qui privilégient un matériau fabriqué par la mer elle-même, la vase compactée sous son propre poids. C’est une roche tendre qui peut être très dense, dans laquelle on rencontre des espèces spécialisées dans un forage mécanique non rotatif. Le mouvement abrasif est provoqué par l’aspiration d’eau par l’animal qui se gonfle en écartant les valves, provoquant une micro-abrasion de la roche. Dans ce groupe on rencontre de grandes espèces spécialisées à coquilles très ornementées comme les Pholades et des… Palourdes (Famille des Veneridae).
Ces dernières sont les Petricola. Ici aucune spécialisation en dehors de l’habitat. La larve trouve un petit trou, qu’il soit dans la roche dure (percée par d’autres)* ou la vase compactée dénudé par les courants. Elle s’y loge plus ou moins verticalement et par la simple aspiration d’eau elle écarte ses valves en provoquant une micro érosion qui insensiblement lui permet de s’enfoncer. Ici, aucune adaptation particulière, aucune transformation physiologique, juste un trou avec des siphons qui dépassent du sédiment, exactement comme ses cousins des sédiments meubles.
* Les Petricola qui profitent des cavités existantes percées par d’autres, se font piéger par leur propre croissance et finissent par mourir étouffées par les parois. C’est pourquoi on les rencontre autant dans des roches percées, ajoutant à la confusion entourant les lithophages.
Pour rédiger cette présentation, j’ai principalement utilisé le travail de Duval, 1962 : The biology of Petricola pholadiformis Lamarck (Lamellibranchiata Petricolidae) dont je tiens le pdf à disposition de ceux qui seraient intéressés…
Petricola lithophaga (Retzius, 1788) [Veneridae]
En laisse de plage à Saint-Laurent de la Salanque (66), au sud de l’étang de Salses-Leucate, au niveau du ponton Latécoaire, le 15 avril 2019.
Un juvénile délicat :
Un adulte en connexion :
Je reviendrai sur les espèces de cet habitat, la station de St-Laurent livrant plusieurs espèces spécialisées et j'ai aussi collecté depuis un an, un certain nombre de roches contenant des lithophages vrais.