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Aeolosoma hemprichi

MessagePosté: 06 Jan 2009 23:43
de patricedx
Aeolosoma hemprichi

bonjour et bonne année à tous et toutes ...
cela fait un bout de temps que je n'ai pas livré d'observations... voici donc un petit dossier sur Aeolosoma hemprichi

Représentants les plus primitifs des annélides oligochètes, les Aeolosomatidae font partie de la classe des Aphanoneura. Ils se distinguent par un large prostomum élargi et ventralement cilié. Le corps est coloré par des cellules glandulaires épidermiques comportant une large vacuole remplie d'un liquide dont la couleur varie selon l'espèce : rouge, vert, bleu-vert, jaune ou parfois incolore. Il y a une trentaine d'espèces réparties dans trois genres - Aelosoma, Histricosoma, Rheomorpha - dans le monde que l'on trouve le plus souvent dans la terre, dans les espaces interstitiels. La longueur de ces vers varie de 1 à 10 mm. Bien que les parapodes soient absent, les soies sont présentes, par groupes de deux paires (latéraux ventraux et latéraux dorsaux) munis de 5-6 soies capillaires. Les oligochètes sont métamérisés, mais les Aeolosomas ne possèdent pas de cloison séparant les métamères. Ceux-ci se discernent par la répétition des soies et des néphridies.
Dans une infusion de terreau et de feuilles prélevée d'un pot de fleur, des Aeolosoma ont proliféré. La couleur rouge des taches m'indiquerait que c'est un A. hemprichi. Une espèce commune qui est intéressante à plus d'un titre.

quelques photos :

Aeolosoma-5-01-09.jpg
Aeolosoma hemprichi, obj 10x.
Exif et Meta MicroCartouche Aeolosoma-5-01-09.jpg (47.13 Kio) Vu 6553 fois


aelosoma-dess1-w.jpg
un dessin d'ensemble
Exif et Meta MicroCartouche aelosoma-dess1-w.jpg (89.69 Kio) Vu 6541 fois


aelosoma-dess2b-w.jpg
dessin : détail de la région céphalique
Exif et Meta MicroCartouche aelosoma-dess2b-w.jpg (72.21 Kio) Vu 6532 fois



la suite au prochain numéro :-)

cordialement

Aeolosoma hemprichi - détails anatomiques

MessagePosté: 07 Jan 2009 00:17
de patricedx
tube digestif

la région céphalique est élargie, aplatie et " fonctionne " un peu comme un aspirateur par l'action de la ciliature, qui attire les aliments (bactéries et autres débris) vers le pharynx. De plus les côtés et la face dorsale de la tête sont aussi finement ciliés.
Sur la photo suivante on voit le stomum (la bouche).

aelosoma-détail-bouche-175238.jpg


le tube digestif comporte trois segments distincts : l'oesophage, relativement court, souvent replié, débouche sur l'estomac, plus large et à structure musculaire et longitudinalement fibreuse. L'intestin occupe le dernier tiers du tube digestif. Le tout est animé de contractions péristaltiques progressant d'arrière vers l'avant, ce qui repousse le bol alimentaire vers le cloaque. Le ver peut aussi se contracter ou s'étendre, glissant sans peine entre les débris. Ces contractions donnent à la cuticule une apparence de segmentation externe. Les Aelosoma sont lucifuges et on les trouve au fond de l'infusion, dans la matière végétale en décomposition.

Aeolosoma-b-5-01-09.jpg


Le prochain message traitera de la reproduction des Aeolosoma.

cordialement,


aelosoma-detail00029.jpg


néphridies : organes excréteurs

De part et d'autre du tube digestif, se trouvent les nephridies, une paire par métamère, réparti de part et d'autre du tube digestif. La première paire se trouve au niveau du segment pharyngien. Ces organes excréteurs se présentent comme de petits saccules comportant des cellules ciliées dont on distingue le mouvement vibratile.

aelosoma-detail-174420.jpg

Aeolosoma hemprichi - reproduction asexuée

MessagePosté: 07 Jan 2009 00:32
de patricedx
la reproduction par bourgeonnement pygidial des Aeolosoma

Bien qu'une reproduction sexuée existe (l'animal est hermaphrodite protandre, le testicule arrive à maturation avant l'ovaire) elle est fort rare. Le plus souvent, la reproduction est asexuée, par fission, l'animal se segmente en " bourgeons " appelés zoïdes, dans la partie postérieure (pygidium) de l'animal. Progressivement on voit se différencier un prostomum et le tube digestif se contracter. Ce processus est continu durant la vie et l'on peut voir se former dans un même individu des zoïdes successifs non détachés.

Henriette Herlant-Meewis a étudié le processus de reproduction asexuée chez A. hemprichi et en résume les mécanismes :

"1. Chaque individu est compoés de 6 segments porteurs de setae : le pharyngien, l'oesophagien, et les quatre segments stomaco-intestinaux. Dès que ceux-ci ont apparu, le pygidium devient plus long et se divise en deux parties. Une petite partie antérieure qui régénérera le pygidium et un postérieur plus long qui deviendra le nouveau zoïde. Ce mode de scissiparité a été précédemment désigné comme " bourgeonnement pygidial "
2. Quand le bourgeon pygidial est formé, il n'y a pas de soie. Cependant, le premier groupe de soies apparaît rapidement et progressivement, à mesure que le bourgeon devient plus long, les groupes suivant se forment. Quand le bourgeon atteint cinq segments porteurs de soies, tous les setae sont pratiquement équidistants. Simultanément, la zone céphalique se développe et les soies pharyngiennes apparaissent à la partie antérieure du bourgeon. Ils sont d'abord proches des soies oesophagiennes, mais comme l'oesophage croît en longueur, ils se séparent mutuellement. Le zoïde est alors complet et possède une tête, six segments porteurs de soie et un pygidium capable de bourgeonnement.
3. Le bourgeon initial de six segments présentera maintenant un bourgeon secondaire.
4. Quand la céphalisation est complète, le bourgeon initial se sépare de la chaine, emportant ses propres bourgeons qu'il aura généré. ainsi une véritable scissiparité qui divise un individu en deux parties plus ou moins égales, et qui caractérise les oligochètes d'eau douce, n'existe pas chez cette espèce. Au moyen d'un processus accéléré, la blastogenèse a lieu exclusivement par bourgeonnement pygidial.
" (extrait, traduit par moi-même, de, Henriette Herlant-Meewis, Cyst-formation in Aeolosoma hemprichi (Ehr), Biol. Bull. 1950 99: 173-180, disponible en ligne à http://www.biolbull.org/cgi/reprint/99/2/173)

Le bourgeonnement pygidial peut générer une chaine comportant jusqu'à six zoïdes, atteignant 2 mm.
Le bourgeonnement se produit régulièrement et rapidement et constitue chez A. hemprichi la principale forme de reproduction.

Quelques photos où j'ai suivi un individu portant un zoïde pratiquement " à terme " :

aelosoma-reprod-5.jpg


aelosoma-reprod-7.jpg


je n'ai pas pu voir la séparation, le spécimen s'étant caché dans les débris, mais voici le junior.

aelosoma-junior.jpg


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enkystement

par temps froid (en hiver) les Aeolosoma peuvent s'enkyster. Le kyste est reconnaissable parce qu' on voit, dans la sphère, les points rouges caractéristiques de l'espèce.

aeolosoma-kyste10x.jpg


aeolosoma-kyste40x.jpg


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cordialement,
Patrice Dx