la reproduction par bourgeonnement pygidial des AeolosomaBien qu'une reproduction sexuée existe (l'animal est hermaphrodite protandre, le testicule arrive à maturation avant l'ovaire) elle est fort rare. Le plus souvent, la reproduction est asexuée, par fission, l'animal se segmente en " bourgeons " appelés zoïdes, dans la partie postérieure (pygidium) de l'animal. Progressivement on voit se différencier un prostomum et le tube digestif se contracter. Ce processus est continu durant la vie et l'on peut voir se former dans un même individu des zoïdes successifs non détachés.
Henriette Herlant-Meewis a étudié le processus de reproduction asexuée chez A. hemprichi et en résume les mécanismes :
"
1. Chaque individu est compoés de 6 segments porteurs de setae : le pharyngien, l'oesophagien, et les quatre segments stomaco-intestinaux. Dès que ceux-ci ont apparu, le pygidium devient plus long et se divise en deux parties. Une petite partie antérieure qui régénérera le pygidium et un postérieur plus long qui deviendra le nouveau zoïde. Ce mode de scissiparité a été précédemment désigné comme " bourgeonnement pygidial "
2. Quand le bourgeon pygidial est formé, il n'y a pas de soie. Cependant, le premier groupe de soies apparaît rapidement et progressivement, à mesure que le bourgeon devient plus long, les groupes suivant se forment. Quand le bourgeon atteint cinq segments porteurs de soies, tous les setae sont pratiquement équidistants. Simultanément, la zone céphalique se développe et les soies pharyngiennes apparaissent à la partie antérieure du bourgeon. Ils sont d'abord proches des soies oesophagiennes, mais comme l'oesophage croît en longueur, ils se séparent mutuellement. Le zoïde est alors complet et possède une tête, six segments porteurs de soie et un pygidium capable de bourgeonnement.
3. Le bourgeon initial de six segments présentera maintenant un bourgeon secondaire.
4. Quand la céphalisation est complète, le bourgeon initial se sépare de la chaine, emportant ses propres bourgeons qu'il aura généré. ainsi une véritable scissiparité qui divise un individu en deux parties plus ou moins égales, et qui caractérise les oligochètes d'eau douce, n'existe pas chez cette espèce. Au moyen d'un processus accéléré, la blastogenèse a lieu exclusivement par bourgeonnement pygidial." (extrait, traduit par moi-même, de, Henriette Herlant-Meewis, Cyst-formation in Aeolosoma hemprichi (Ehr), Biol. Bull. 1950 99: 173-180, disponible en ligne à
http://www.biolbull.org/cgi/reprint/99/2/173)
Le bourgeonnement pygidial peut générer une chaine comportant jusqu'à six zoïdes, atteignant 2 mm.
Le bourgeonnement se produit régulièrement et rapidement et constitue chez A. hemprichi la principale forme de reproduction.
Quelques photos où j'ai suivi un individu portant un zoïde pratiquement " à terme " :
aelosoma-reprod-5.jpg
aelosoma-reprod-7.jpg
je n'ai pas pu voir la séparation, le spécimen s'étant caché dans les débris, mais voici le junior.
aelosoma-junior.jpg
----------
enkystementpar temps froid (en hiver) les Aeolosoma peuvent s'enkyster. Le kyste est reconnaissable parce qu' on voit, dans la sphère, les points rouges caractéristiques de l'espèce.
aeolosoma-kyste10x.jpg
aeolosoma-kyste40x.jpg
----------------
cordialement,
Patrice Dx