Sous-titre : le cas de conscience de la sous-espèce !
Bonjour,
Les Codium sont des algues vertes marines littorales fréquentes sur nos côtes (ordre des Codiales, aux côtés des Bryopsis). Il en existe plusieurs espèces. Parmi elles, des formes ramifiées et dichotomes peuvent se trouver en Manche, et en particulier dans les bassins du port du Havre.
L’étymologie de Codium est « fourrure » allusion à l’aspect de peluche de l’algue, qui parfois peut être en plus hérissée de poils incolores. Cet aspect pelucheux est dû à la structure des rameaux, dont la périphérie est formée par la juxtaposition d’utricules serrés les uns contre les autres. Pour distinguer les deux espèces Codium tomentosum Stackhouse et C.fragile (Suringar) Hariot, il faut observer les utricules au microscope ; l’apex des premiers est lisse, celui des seconds porte un mucron. Une troisième espèce, C. vermilara est moins bien connue, sans doute moins fréquente.
Cette première photo a été prise dans un bassin intérieur du Port du Havre. C. tomentosum d’après l’examen microscopique, dont les rameaux sont envahis par une ascidie coloniale blanche invasive, Didemnum vexillum, et par quelques diatomées filamenteuses. Quelques Ulva sp. dans les environs, d’autres vertes filamenteuses, les anémones de mer Cereus pedunculatus, et un (petit) Gobie nageur, Gobiusculus flavescens.
Dans le même bassin, au même endroit, une récolte récente de Codium a montré au microscope les utricules mucronés de C. fragile.
Où est le cas de conscience dans tout ça ? J’ai tenté d’identifier la sous-espèce, mais nos Codium ont les aplatissements aux ramifications caractéristiques de la sous-espèce tomentosoides, mais des mucrons courts non striés caractéristiques de la sous-espèce atlanticum. Le plus simple est sans doute de prendre en considération une seule espèce variable plutôt que de tenter d’identifier des sous-espèces. Distinguer atlanticum de tomentosoides aurait été intéressant car il semble que ce soient des sous-espèces introduites, comme C. fragile fragile d'ailleurs, qui n’auraient pas suivi les mêmes chemins. J’ai donc été consulter algaebase.org, qui a confirmé mon point de vue, à savoir qu’il ne fallait pas trop se prendre la tête quelques fois. Je recopie et traduis cequ’en dit Wendy Guiry sur algaebase.
“Two supposedly introduced subspecies have been recognised in Britain and Ireland since Silva's (1955) study, viz, Codium fragile subsp. atlanticum (A.D. Cotton) P.C. Silva and C. fragile subsp. tomentosoides(van Goor) P.C. Silva. However, Maggs (in Brodie, Maggs & John 2007: 194) and Provan et al. (2008) have shown that the first is probably native, and the second, whilst introduced and invasive, is synonymous with C. fragile subsp. fragile. The degree of both genotypic variation reported (small) and phenotypic variation described (large) makes the described subspecies and varieties unsustainable and it would be better to recognise one variable species for all practical purposes. - (29 Dec 2007) - Wendy Guiry”
[Deux sous-espèces que l’on pensait introduites ont été reconnues en Grande-Bretagne et en Irlande depuis l’étude de Silva (1955), à savoir Codium fragile subsp. atlanticum (A.D. Cotton) P.C. Silva et C. fragile subsp. tomentosoides (van Goor) P.C. Silva. Cependant, Maggs (in Brodie, Maggs & John 2007: 194) et Provan et al. (2008) ont montré que la première est probablement native et la seconde, bien qu’introduite et invasive, est synonyme de C. fragile subsp. fragile. Le degré à la fois de variation génotypique rapportée (faible) de variation phénotypique décrite (forte) ont pour conséquence que les sous-espèces et variétés décrites ne peuvent plus être défendues et il vaudrait mieux reconnaitre pratiquement une espèce variable (29 décembre 2007) – Wendy Guiry.] (Guiry, M.D. & Guiry, G.M. 2013. AlgaeBase. World-wide electronic publication, National University of Ireland, Galway. http://www.algaebase.org; searched on 15 December 2013).
Cordialement
Gérard Breton