Eh oui, un trichoptère!
Il y a en effet dans mon bosquet d'une part les insectes autochtones, et d'autre part les insectes de passage. Parmi ceux-ci, outre quelques Odonates dont je parlerai bientôt, ma surprise fut de trouver ce Trichoptera, ce matin entre deux averses, sur le mur qui limite la zone sud du bosquet.
A l'inverse des Ephémères ou des Plécoptères qui ont aussi des larves aquatiques, les Trichoptères peuvent s'éloigner très loin du point d'eau ou de la rivière qui les a vu grandir. Par ailleurs, ils "viennent bien à la lumière" comme disent les lépidoptéristes, et comme un lampadaire assez puissant éclaire la rue proche....
Ores donc, notre bestiole mesure 8mm hors antennes,et ne brille pas (d'ailleurs comme tous les autres Trichoptères) par des couleurs affriolantes, ressemble à une vulgaire mite, bref, n'a aucun intérêt pour l'entomologiste épingleur...
Sauf que pour les autres, ceux qui s'intéressent à leur environnement, ces taxons sont (à l'état larvaire) de bons indicateurs qualitatifs du milieu. Les hydrobio. américains ne s'y sont pas trompés qui ont inventé des indices "EPT" (Ephémères, Plécoptères, Trichoptères).
Ceci dit, ne pas se tromper sur ce que je dis: quand je parle d'indication qualitative, elle peut être à rebours!
On verra en effet croître et multiplier, sous réserve que le milieu ne soit pas franchement toxique, certains Hydropsychidae par exemple en cours d'eau relativement chargés en matières organiques, voire en concentration azote et phosphore.
C'est sans doute le cas ici, puisque le seul cours d'eau pouvant en héberger est franchement moche, et retrouve une relative santé.... après les rejets de la Station d'Epuration!!!!
Pour se nourrir, les larves d'Hydropsychidae tissent un filet dans le courant, qui collecte les débris organiques susceptibles d'être ingérés. J'en ai une photo quelque part, si je la retrouve, je la posterai...
Pour déterminer les adultes, à la famille, on utilise notamment le nombre d'éperons sur les tibias, comme indiqué sur la photo suivante:
Ici, on a donc un Trichoptera (je rappelle que le nom vient du grec trichos (poils) et pteron (aile), soit "ailes poilues" comme on peut le vérifier sur la photo ci-dessus) dont la formule est 2-4-4. Ensuite, on s'occupe de la présence ou non d'ocelle, du nombre de segments aux palpes labiaux, etc...
On aperçoit ceux-ci sur la (mauvaise) photo ci-dessous:
On trouvera une clé (nordique) des familles, en ligne là: http://papers-tobias.de/Trichoptera%20f ... uction.htm
et un tableau synoptique là: http://papers-tobias.de/Trichoptera%20f ... oscand.jpg
Par contre, pour descendre à l'espèce, c'est plus compliqué! Si ma bestiole avait été au stade larvaire, j'aurais pu y travailler (mais dissection obligatoire).
Pour les adultes, c'est encore plus difficile, car genitalia indispensables, charcutage en vue, coloration parfois, et j'en passe...
J'ai laissé ma victime vivre sa vie de Trichoptère!
Et pour terminer, la voici, toujours en studio, avec évidemment la même méthode, vivante... et finalement repartie vers des horizons meilleurs!
Je reparlerai de la problématique de l'autochtonie avec les libellules, tant de crimes de lèse "monitoring" on a commis en leur nom...
Bonne soirée!