Bonjour à tous
Je ne savais pas trop dans quel forum poster ce sujet, alors je le place ici. Je vous propose une balade naturaliste à la découverte de la collète du lierre (petite abeille solitaire tardive) dont j'ai découvert trois bourgades sur les coteaux ensoleillés de Westhalten en Alsace. Je préfère ne pas désigner l'endroit mais je suis prêt à indiquer la localisation à ceux qui seraient intéressés de les étudier en septembre. Petit problème, les bourgades se trouvent sur un terrain privé. Je brave donc les interdits et risque les coups de fusil...
Collète du lierre (Schmidt & Westrich 1993) Colletes hederae
La collète du lierre appartient à la famille des Apidae. C'est l'abeille solitaire la plus tardive en saison car elle émerge en principe à partir du mois d'août, jusqu'en octobre. Et comme son l'indique, elle se nourrit presque exclusivement de pollen d'inflorescences de lierre. Certaines populations précoces peuvent déjà apparaître en juillet alors que le lierre n'est pas en fleur. Les abeilles se rabattent alors sur certaines fleurs jaunes dont les solidages et certaines astéracées.
Collètes femelles sur inflorescences de lierre (Hedera helix)
Collète mâle sur solidage géant (Solidago gigantea) accompagnée d'une halicte mâle (à droite)
L'abeille du lierre est un hyménoptère qui nidifie en "bourgades" regroupant des dizaines de nids individuels dont le nombre peut faire songer à un semblant de socialisation. Or chaque abeille ne se préoccupe que de sa galerie. Il peut arriver comme chez d'autres espèces que deux femelles partagent une galerie d'accès commune. Cependant chacune ne s'occupera que de sa propre progéniture. La galerie principale démarre à l'horizontale sur une dizaine de centimètres, puis plonge à la verticale sur une trentaine de centimètres, au bout desquels vont s'articuler de courtes galeries ou seront pondus les œufs. Les accès aux galeries sont généralement creusés dans un substrat argileux ou argilo-sableux de surface verticale, à faible couverture végétale, et proche de sa plante de prédilection ; le lierre.
Paroi verticale au substrat argilo-sableux abritant une bourgade (Westhalten 68)
Ce site exposé au nord-est est l'idéal pour l'implantation des galeries.
Cette collète mâle impatiente de voir émerger une femelle, ressort d'une galerie quelle vient d'inspecter
A l'instar d'autres abeilles solitaire, la collète du lierre peut choisir le sexe de sa progéniture. En effet, lorsqu’elle a terminé d’apprêter la galerie qui contiendra l’œuf, elle effectue d’innombrables allées et venues pour récolter le pollen avec les poils qui garnissent ses pates postérieures et le côté de l’abdomen, et venir le déposer dans la cellule. Lorsque la boule qui forme cette sorte de « pain d’abeille » est suffisamment grosse, la collète pond sont œuf et opercule la cellule avec de l’argile. Puis elle procède de la même manière pour la cellule suivante. Comme les mâles émergeront en premier, les premiers œufs pondus donneront des femelles. Ce manège se reproduit pour chaque galerie qui peut accueillir deux ou trois cellules.
Essaim copulatoire qui s'est formé à l'émergence d'une collète femelle
Dès l’émergence, les mâles rodent autour des accès de galeries, attendant la sortie des femelles. Aussitôt que l’une d’entre elle atteint l’air libre après s’être extrait de sa cellule larvaire, plusieurs mâles la prennent aussitôt d’assaut pour tenter de s’accoupler avec elle. Ces scènes donnent parfois l’impression de véritables pugilats car les grappes que l’on nomme « essaims copulatoires » peuvent regrouper plus d’une douzaine d’individus. Lorsque l’un des mâles parvient à s’accoupler avec la femelle émergente, l’essaim se disloque.
Observation effectuée en septembre 2010
Le site est malheureusement assez loin de mon domicile et je ne peux suivre son évolution comme je le souhaiterais. Mais j'y retournerais cette année, car j'aimerais savoir quels sont les parasites et les espèces commensales de la collète du lierre.
A bientôt
Cordialement
Patrick